JavaScript est devenu incontournable pour des sites modernes et interactifs. Mais mal maĂźtrisĂ©, il peut freiner lâindexation et le classement. Martin Splitt (Google) pointe trois erreurs frĂ©quentes. On les passe en revue⊠avec des solutions concrĂštes.
Les problĂšmes de JS sont le travail d’un dĂ©veloppeur et pas d’un consultant SEO, cependant il est toujours intĂ©ressant d’avoir en tĂȘte les erreurs principales.
Voici les 4 problĂšme que je vois le plus souvent chez mes clients.
1) Le piÚge du rendu cÎté client (CSR) excessif
Avec le CSR, une grande partie du contenu est gĂ©nĂ©rĂ©e aprĂšs le chargement initial par JavaScript. Câest fluide pour lâutilisateur, mais plus complexe pour Googlebot qui doit exĂ©cuter le JS pour âvoirâ le contenu. Si le rendu est lourd ou lent, une partie de la page peut ne pas ĂȘtre indexĂ©e.
SymptÎmes fréquents :
- Pages âvidesâ dans lâinspection dâURL de la search console
- Pics dâexploration sans hausse dâindexation.
- Contenu critique présent dans le DOM final, mais absent dans le HTML initial.
Solutions :
- SSR (Server-Side Rendering). Le serveur renvoie un HTML déjà rempli. Googlebot reçoit tout de suite le contenu. Frameworks pratiques : Next.js, Nuxt, SvelteKit, Remix.
- Rendu dynamique. Servez une version prĂ©-rendue aux bots (HTML statique) et la version JS complĂšte aux utilisateurs. Bon compromis si lâapp est complexe.
- Prérendering ciblé. Prérendez uniquement les pages stratégiques (catégories, fiches produits, hubs éditoriaux).
Bonnes pratiques express :
- Prioriser le âcritical contentâ dans le HTML initial (titre, H1, intro, liens).
- Limiter lâhydratation aux zones interactives (islands/hydration progressive).
- Mesurer le temps de rendu rĂ©el avec des logs serveur + lâAPI dâinspection dâURL.
2) Bloquer lâaccĂšs aux ressources JavaScript essentielles
Un robots.txt trop restrictif peut empĂȘcher Googlebot dâaccĂ©der aux fichiers JS/CSS nĂ©cessaires au rendu. Si les ressources sont bloquĂ©es, le moteur ne peut ni exĂ©cuter le rendu ni comprendre la page.
à vérifier :
- Le dossier /assets/ (ou équivalent) est-il accessible aux bots ?
- Des âDisallowâ historiques bloquent-ils /static/, /scripts/, /dist/ ?
Solution simple :
Autoriser Googlebot à charger les ressources nécessaires. Exemple minimaliste :
User-agent: Googlebot
Allow: /*.js
Astuce pratique :
- Utiliser le âTester le fichier robots.txtâ dans la Search Console.
- ContrÎler les réponses HTTP (200 attendu) sur les fichiers JS/CSS clés.
3) Les erreurs JavaScript qui sabotent le rendu
Conflits de scripts, erreurs de syntaxe, dépendances manquantes, polyfills absents⊠autant de raisons pour lesquelles une page peut ne pas se rendre correctement cÎté bot comme cÎté utilisateur.
Comment les repérer :
- Search Console (pages âIndexĂ©e, mais problĂšmeâ / âAnomalies dâexplorationâ).
- DevTools (onglet Console) pour déceler les erreurs bloquantes en prod.
- Logs serveur + monitoring RUM pour capturer les erreurs JS réelles.
Mesures correctives :
- Corriger les erreurs bloquantes avant mise en prod (CI avec tests e2e).
- Charger les polyfills uniquement si nécessaires (feature detection).
- Dédupliquer les scripts tiers, réduire le nombre de bundles, activer le code-splitting.
- Sâassurer de la compatibilitĂ© navigateur ciblĂ©e (browserslist, transpilation).
4) Scripts tiers & add-ons : le coĂ»t cachĂ© sur lâindexation et les positions
Widgets de chat, A/B testing, heatmaps, players vidĂ©o, ads, outils dâanalytics, CMP (banniĂšres cookies)⊠Autant dâintĂ©grations tierces qui injectent du JavaScript, souvent via un TMS (ex. GTM). Câest pratique, mais leur coĂ»t cĂŽtĂ© SEO est bien rĂ©el.
Pourquoi ça fait mal ?
- Blocage du thread principal : scripts lourds (tracking, frameworks UI, A/B testing) crĂ©ent des long tasks (â„50 ms) qui retardent lâinteractivitĂ© et le rendu. RĂ©sultat : INP, TBT et parfois LCP dĂ©gradĂ©s â moins de satisfaction utilisateur et signaux Core Web Vitals plus faibles.
- Rendu différé : si un script tiers est render-blocking (chargé en
<head>
sansdefer/async
), le HTML sâaffiche tard, et Googlebot peut âvoirâ moins ou plus tard, surtout sur des pages trĂšs dynamiques. - Brouillage du DOM : tests A/B, injecteurs de widgets, overlays de consentement qui masquent le contenu ou le dĂ©placent â CLS (cumulative layout shift) et parfois contenu critique ârepoussĂ©â sous la ligne de flottaison.
- Erreurs/indisponibilitĂ©s externes : un domaine tiers lent ou down peut geler le rendu, voire faire Ă©chouer des parties de page (et Googlebot est encore moins patient quâun humain).
- Balisage et liens : certains add-ons obfusquent des liens, réécrivent des balises, ou posent des attributs non souhaitĂ©s (nofollow, noindex via expĂ©riences) â signaux contradictoires.
- CMP & consentement mal cĂąblĂ©s : si le contenu dĂ©pend dâun consentement ou si la banniĂšre bloque des Ă©lĂ©ments structuraux, Googlebot peut indexer une version appauvrie (ou un layout cassĂ©).
Ces erreurs sont visibles dans l’outil lighthouse de Google en mode inspecteur (f12) ou dans l’outil page speed insights.

Les add-ons les plus âĂ risqueâ
- A/B testing client-side (flicker/FOUC, réécritures tardives).
- Heatmaps/recordings (forte charge CPU sur pages longues).
- Widgets de chat, social feeds, carrousels tierce partie (hydrations tardives).
- Ad scripts & header bidding (requĂȘtes multiples, timers, iframes).
- Players vidéo externes (chargement massif + CSS/JS).
- CMP/Cookies mal configurés (bloqueurs, overlays intrusifs).
Comment neutraliser lâimpact nĂ©gatif du JS excessif ? (sans renoncer aux outils)
La checklist du développeur / Webmaster qui rÚgle 90% des problÚmes :
- Gouvernance des tags : audit trimestriel, suppression des tags orphelins, versionning, ownership clair par équipe.
- Charger intelligemment :
- Mettre
defer
sur tout JS non critique ; éviter le JS synchrone. - Lazy-load des widgets aprÚs premiÚre interaction ou au viewport (IntersectionObserver).
- Resource Hints :
preconnect
/dns-prefetch
vers les domaines tiers;fetchpriority="low"
pour assets non critiques. - Priorité au HTML utile : le contenu SEO-clé (H1, intro, liens internes) dans la réponse serveur.
- Mettre
- RĂ©duire la surface 3P : self-host des SDK stables quand câest permis, ou utiliser des versions âliteâ (ex. players/embeds lĂ©gers).
- ExpĂ©riences cĂŽtĂ© serveur : prĂ©fĂ©rer A/B testing SSR (ou au moins antiblink/flicker via âserver-assign + CSS guardâ) plutĂŽt que de réécrire massivement le DOM en client.
- Tag Manager clean :
- DĂ©clencheurs Ă©vĂ©nementiels, pas âAll Pagesâ par dĂ©faut.
- Pas de chaĂźnes de Custom HTML qui chargent dâautres loaders.
- Consent Mode bien cùblé pour éviter le rendu bloqué par la CMP.
- Encapsuler : widgets tiers en iframe sandbox quand possible pour isoler le coût CPU/CSS et éviter les conflits.
- Budgets de performance : fixer des gardes-fous (poids JS tiers, nb. de requĂȘtes, temps CPU max). Bloquer la mise en prod si budget dĂ©passĂ©.
- Surveillance continue :
- RUM (INP, LCP, CLS réels), alertes quand un domaine tiers explose.
- Coverage & Performance (DevTools) pour repérer le code 3P non utilisé et les long tasks.
- Tests A/B de désactivation temporaire des tiers pour mesurer le gain SEO/UX.
Un JavaScript âSEO-safeâ
Ăvitez le CSR total sur les pages stratĂ©giques, laissez Googlebot accĂ©der Ă vos ressources, et maintenez votre JS sans erreurs. En pratique : servez du HTML utile dĂšs la rĂ©ponse serveur, gardez vos assets accessibles, et surveillez vos erreurs et temps de rendu.
Checklist minute :
- Le contenu clé est-il présent dans le HTML initial ?
- Les fichiers JS/CSS essentiels sont-ils crawlables (200, non bloqués) ?
- La console de prod est-elle exempte dâerreurs bloquantes ?
- Avez-vous mesurĂ© lâindexation rĂ©elle (inspection dâURL, logs) ?
Un JS optimisĂ© amĂ©liore Ă la fois lâexpĂ©rience utilisateur et la visibilitĂ©. Faites un tour dâhorizon de vos pages critiques et appliquez ces correctifs dĂšs aujourdâhui.
(Pour aller plus loin : auditer vos routes stratĂ©giques, dĂ©ployer SSR/rendu dynamique sur les gabarits prioritaires, mettre en place un monitoring dâerreurs JS et dâindexation.)